lundi 28 avril 2014

Le meilleur flic de France - 23

Salut tout le monde!

Les Dentus sont de retour! Bon, là, dans cette page, ils ne sont là qu'en version post-deuxième guerre mondiale, mais c'est déjà ça. Je vous rappelle que ces derniers ainsi que Jacques Valjacques ont été admis à l’hôpital Larry Boisière de Paris après avoir eu l'imprudence de manger une triple entrecôte sur lit d'andouillettes.

A la semaine prochaine!


lundi 21 avril 2014

J'ai visité la chambre de Robespierre.

Bonjour mes chers amis!

Depuis plusieurs mois vous assistez à l'élaboration par mes soins d'un grand travail sur Robespierre, chaque semaine je publie ici quelques dessins qui composeront cet ouvrage audiovisuel que j'ose à peine appeler "film" parce que ça bougera très peu! Chez moi, la documentation n'est pas un vain mot, et j'accumule celle-ci en consultant nombre de livres et Internet. Cette fois j'ai fais ce que fait un vrai historien: je me suis déplacé sur le LIEU de l'histoire. C'est là où a logé Robespierre que je me suis rendu.

A vrai dire, cette maison où il a habité pendant trois ans, j'en avais déjà le plan avant, donc une vision assez précise. Davantage que pour repérer où se trouvait tel ou tel mur ou pour voir quelle surface avait telle pièce, j'ai voulu y aller pour m'imprégner des lieux, imaginer comment ils pouvaient être il y a 220 ans, poser mes pas dans les pas d'un des plus importants personnages de l'histoire de France, voir les poutres exacte qu'il voyait au plafond, méditer...

"Poser mes pas dans ses pas", ce n'est pas un réflexe de midinette béate d'admiration pour Robespierre (ce que je ne suis pas), cette démarche j'aurais pu l'avoir pour un autre personnage historique; c'est poser mes pas dans l'Histoire qui m'intéressait.

Donc allons-y pour le reportage! Tout d'abord très rapide historique: pourquoi Robespierre a atterri là, de quand à quand et à qui était la maison? Au début de la Révolution, Robespierre habitait rue de Saintonge dans le Marais. Lors du massacre du Champs-de-Mars le 17 juillet 1791, les défenseurs du peuple (dont il faisait partie de notoriété publique) se sont sentis très menacés et Robespierre qui se trouvait pendant cet événement du côté de la rue Saint-Honoré au club des Jacobins, a préféré ne pas rentrer chez lui cette nuit-là, craignant pour sa vie. Heureusement, un des membres du club qui habitait justement rue Saint-Honoré, lui propose de l'héberger: c'est le citoyen Duplay. Cet hébergement qui devait sans doute être provisoire a été rapidement définitif, et Robespierre s'est donc installé chez Duplay et y est resté jusqu'à sa chute en juillet 1794.

Voici une gravure d'époque de la maison avec sa porte cochère, vue depuis la rue Saint-Honoré.


Voici le plan du rez-de-chaussée





L'ensemble est donc composé d'une petite cour avec un corps de bâtiment au fond et un autre à gauche. Les petits hangars sur les côtés servaient à Duplay qui était  menuisier, et qui avait quelques employés.

Et voici le plan du premier étage



En commençant à m'intéresser à Robespierre il y a quelques années, j'avais appris que la maison Duplay était toujours là aujourd'hui. Autrefois c'était le numéro 366 de la rue Saint-Honoré, de nos jours c'est le 398. Voici une photo de ce lieu aujourd'hui.


Quand je m'étais rendu une première fois sur place il y a pas mal de temps, j'avais remarqué qu'il n'y avait plus de porte cochère, et juste une entrée d'immeuble sur la gauche... Voici une photo de cette entrée avec la plaque rappelant la présence passé du personnage historique.



(Au passage, la forme du rayon de soleil rappelant une lame de guillotine est d'une ironie assez extraordinaire! D'ailleurs l'ensemble avec les boiseries ressemble carrément à une guillotine!)

Je me désolai de voir à quel point les lieux était devenus méconnaissables et je passai mon chemin. Il y a quelques mois je reviens et je tente quand même d'entrer par cette porte de gauche pour voir ce qu'il peut y avoir à explorer. L'interphone n'aura pas été un obstacle: il aura suffit d'appuyer sur un bouton en bas de celui-ci pour ouvrir gentiment! Après un petit couloir que vois-je? La fameuse petite cour qui était toujours là!

En fait, la boutique de prêt-à-porter au milieu c'était précisément l'ancienne porte cochère. La cour intérieure existait donc bien toujours mais derrière la boutique! J'ai fait un petit avant-après pour l'occasion! C'est pas évident à imaginer, mais bien entendu le point de vue est virtuellement exactement le même.


Et voici une photo de l'actuelle cour intérieure. (Au XVIIIème siècle, la maison n'avait qu'un seul étage.) Au fond c'était autrefois la cuisine des Duplay... Aujourd'hui c'est une salle de restaurant...


A gauche c'est le corps de bâtiment où au premier étage logeait Robespierre et deux autres membres de la famille Duplay. Immédiatement sur ma gauche, des escaliers que je grimpe sans trop savoir où je vais. Je trouve un petit couloir, d'autres escaliers... Non, je vais trop haut, ce n'est pas là... En fait pour parvenir là où vivait Robespierre, il faut sans doute passer cette porte au premier petit palier. C'est là que ce doit être! Je crois comprendre que ce n'est pas un particulier qui occupe les lieux, c'est autre chose... Il y a écrit sur la porte: "Sylvie Coudray - L'atelier".


Qu'est-ce-que c'est que ce truc? Sitôt arrivé chez moi je tape "Sylvie Coudray" sur Internet, et je tombe sur le site de l'intéressée: Sylvie Coudray est une coiffeuse free lance, comme on pourrait dire, une sorte de coiffeuse trois étoiles qui propose un service spécialisé et attentionné pour clients haut de gamme. Je suppose qu'il y a moyen de la contacter grâce à son site, et effectivement, je tombe sur une adresse mail! Je me frotte les mains et je me dit que le moment venu, en mettant les formes et en étant très aimable, il y aurait sûrement possibilité pour moi d'obtenir une petite visite des lieux.

Ce moment est venu en mars où je me décide à lui écrire. Par bonheur Sylvie me répond extrêmement gentiment, et me propose de l'appeler pour fixer un rendez-vous. Chose faite début avril, et le 9 à midi, me voici frappant à sa porte, frappant à la porte de Robespierre! Avant d'y aller une seule chose me préoccupait réellement: la maitresse des lieux allait-elle m'autoriser à prendre des photos? Après tout elle n'était même pas obligée d'accepter que je vienne!...

Je sonne, c'est l'assistante de Sylvie qui m'accueille et qui m'invite à entrer. Cela fait, je reste sagement debout dans le salon d'attente (dans lequel je ne reconnais rien pour l'instant) pendant qu'elle va chercher Sylvie. Celle-ci arrive pour me saluer et m'invite à m'asseoir en attendant qu'elle ait fini de s'occuper de sa cliente, après quoi elle me fera visiter. Sylvie a l'air très gentille, la première impression est bonne.

Voici ce fameux salon d'attente. (l'entrée est dans le dos du photographe)


Alors je m’assois dans le premier fauteuil venu et je commence à scruter (ou plutôt à scanner!) chaque recoin du salon. Je sais que l'intérieur de la maison a forcément été passablement modifié depuis deux siècles, des cloisons ont été retirées, mais je sais aussi que les murs sont toujours les mêmes: je dois donc pouvoir repérer l'ancien emplacement des chambres. Je me demande bien où elles devaient être... Peut-être un peu plus loin dans l'appartement, mais pas beaucoup plus. Je sors de mon porte-documents les plans d'époque de la maison. Je regarde, je compare... Mon dieu, je crois qu'il sera inutile que je visite plus loin: je suis exactement là où se trouvait l'enfilade de pièces (comme ça se faisait à l'époque) parmi lesquelles se trouvait la chambre de Robespierre! Oui, c'est là sous mes pieds, aucun doute n'est permis!

Premièrement, l'ouverture au fond (tout-à-fait à gauche sur la précédente photo) n'existait pas du temps de Robespierre. Au fond aboutissait un petit escalier en bois disparu aujourd'hui, après lequel on pouvait aller d'un côté dans la partie de la maison où se trouvaient les chambres des parents et des filles de la famille (au fond à droite de la photo), et de l'autre l'enfilade de chambres dont j'ai parlée (en allant vers le photographe). En fait, il y avait une cloison entre chaque fenêtre. Laquelle était celle de Robespierre?

Voyons... Juste à côté de la porte des parents il y a une fenêtre très étroite qui est effectivement repérée sur le plan. La fenêtre d'après c'est la fenêtre de la toute petite antichambre qui précédait la chambre de Robespierre, et donc, la troisième fenêtre (celle tout-à-fait à droite sur la photo) eh bien! pas de doute: c'était LA fenêtre de Robespierre! Elle est là, c'est elle!

Voici l'illustration de tout ça pour bien comprendre


Je réalise que je suis bien dans le lieu après lequel je cours depuis quelques temps, alors vite, je commence à prendre toutes les photos que je peux avec mon iPhone pendant que Sylvie est encore occupée! Ce sera toujours ça de pris, et on ne pourra pas me l'enlever!

Voici la fenêtre de Robespierre plein pot.


Une vue au travers de cette fenêtre où Robespierre devait forcément venir appuyer son épaule de temps en temps...


Et la voici depuis la cour. (Maintenant cette espèce de gros conduit de je ne sais quoi à gauche bouche la vue...)


Une chose maintenant me frappe: c'est l’exiguïté extraordinaire qu'avait cette chambre du temps de son existence! D'une cloison à l'autre de part et d'autre de la fenêtre, pas plus de deux mètres! J'ai mesuré! Pour ce qui est de la longueur de la chambre, j'ai négligé de la mesurer, mais il ne doit pas y avoir plus de quatre mètres. Il y avait cependant pour le lit une petite alcôve comme vous pouvez le voir sur le plan.

Donc maintenant je sais que les reconstitutions de la chambre de Robespierre que j'ai vues dans le passé ne sont jamais crédible!




Cette dernière vue par exemple est tirée de la fameuse série des années 60 "La caméra explore le temps" où on avait attribué à Robespierre une chambre absolument spacieuse. Mais là c'était pour des raisons pratiques car il fallait bien pouvoir placer quelques scènes dans ce lieu, et les faire dans un cagibis ne rimait sans doute à rien.

Sur le plan vous pouvez voir également qu'il y a une petite pièce d'aisance près de l'entrée et elle aussi existe toujours. La maitresse des lieux ainsi que ses clientes utilisent donc tous les jours les toilettes (pour ce qui est de la pièce seulement) qu'utilisait très certainement un des plus grand personnage de l'Histoire de France! Mais ça c'est la toute petite histoire, je suis d'accord!

Voici ce qui était l'emplacement de la chambre du neveu Duplay avec totalement à droite la porte des fameuses toilettes. La cloison à gauche n'est pas d'origine, d'ailleurs elle est trop collée à la fenêtre.


Voilà, je suis donc resté près de trois quart d'heure seul dans ce lieu à repérer, imaginer, réfléchir et prendre des photos avant que l'assistante de Sylvie ne vienne me retrouver pour me faire visiter elle-même l'appartement. Vu que ce que je voulais voir était précisément sous mes pieds et que j'en avais bien profité, je me suis contenté de faire un simple tour rapide du reste, notamment les anciennes chambres des parents Duplay et de leurs filles. Pour l'occasion j'y suis allé de mon petit cours d'histoire auprès de l’assistante, et lui ai dit tout ce que vous venez de lire plus haut. ("Le lit de Robespierre était exactement LÀ!" lui ai-je même dit en indiquant du doigt l'endroit que je crois exact au mètre près!)

Il est maintenant temps que je m'en aille. Sylvie qui était vraiment très occupée et qui n'avait toujours pas fini sa cliente (!) est revenue vers moi cette fois pour me dire au revoir! J'avais préparé pour elle un dessin que je lui ai donné avec plaisir car encore une fois, elle n'était vraiment pas obligée de m'accueillir!

Mais ma petite exploration n'était pas finie! Il y avait encore le rez-de-chaussée et l'ancienne cuisine à voir. Pour ça c'est tout simple: aller déjeuner dans le petit restaurant "Aux délices de Manon". Comme je l'ai dit plus haut, c'est à cet emplacement (qui était relié au corps de bâtiment latéral car c'était la même maison) qu'étaient la salle à manger, la cuisine et un petit salon. Tout cela n'existe plus, mais l'espace est toujours là!... Voici les photos.




Je mange tranquillement là où Robespierre, mais aussi des invité comme Saint-Just, Couthon et d'autres, mangeaient aussi entre 1791 et 1794. La tradition dit que c'est là aussi que Robespierre lisait parfois du Rousseau ou du Corneille à la famille et aux amis.

Je vous propose encore un avant-après pour ce rez-de-chaussée de la maison Duplay. L'appareil photo est virtuellement placé exactement au même endroit. L'image du haut est encore tirée de "La caméra explore le temps".


Après ma petite salade je quitte enfin l'ancien 366 de la rue Saint-Honoré, le dernier bâtiment parisien (avec la conciergerie) ayant un rapport avec Robespierre qui existe toujours.

Je suis content de m'être rendu sur ces lieux et avoir fait ma petite part de travail historique. Et je me dis que tous les historiens qui ont écrit sur Robespierre, y compris les robespierristes, n'ont peut-être pas fait ce que j'ai fait. Les pro (Ernest Hamel, Albert Soboul, Albert Mathiez), les neutres ou presque (Gérard Walter, Henri Guillemin), les anti (Joël Schimdt et tant d'autres), les haineux (Laurent Dingli, G. Lenotre et une infinité d'autres...) sont-ils venus ici pour s'imprégner des lieux comme moi? La petite cour intérieure les a peut-être vu venir, mais pour ce qui est de l'ancienne chambre et de l'appartement nous avons forcément été extrêmement peu nombreux!

J'espère vous avoir intéressé et vous dit à très bientôt!

PS: en 2016 le film est terminé, le voici:

lundi 14 avril 2014

Le meilleur flic de France - 22

Bonjour à tous!

Les Dentus sont de retour cette semaine, ils finissent toujours par revenir!

Et voici encore quelques dessins (noir et blanc encore) du projet "Robespierre"

L'attaque des Tuileries le 10 août 92 par les fédérés et les Sans-culotte


Le roi a certes fui, mais des aristocrates restés dans le château ont bien l'intention de vendre cher leur peau!...


Alors qu'aux frontières la situation devient critique pour les français, les aristocrates dans les prisons de Paris se réjouissent bruyamment de l'avancée des armée prussiennes qui, le pensent-ils, vont venir les sauver!


ET PUIS, je vous conseille de ne pas manquer le billet de lundi prochain dans lequel je vous réserve un bon petit reportage dont je suis très fier! A la semaine prochaine donc!

lundi 7 avril 2014

"Robespierre", avancée des travaux

Bonjour à tous! Pas de Dentus cette semaine car 24 heures c'est beaucoup trop court pour une journée!...

Alors un peu de Robespierre! Je vous propose deux crayonnés et deux encrages, ainsi qu'une décomposition du processus qui mène du crayonné à l'image définitive. (Au fait, samedi dernier c'était le 220ème anniversaire de la mort de Danton, et c'était aussi un samedi car nous avons cette année le même calendrier qu'en 1794!)

D'abord un monsieur qui s'appelait Jacques Mallet du Pan, un suisse qui a été chargé de la rédaction du manifeste de Brunswick à l'été 1792.




Marie-Antoinette faisant la folle à Versailles



La même un peu plus calme. Elle réfléchit à communiquer les plans de bataille des français aux autrichiens! La classe, hein?



Quelques mécontents...



Et enfin comment on part du crayonné pour arriver à l'image définitive: d'abord le crayonné, puis l'encrage, l'aquarelle, ensuite j'intensifie les couleurs sur Photoshop et enfin je plaque les traits noirs sur les couleurs.



A la semaine prochaine!